Ce qui se passe vraiment chez Jeanne & Juliette
(ou comment un manuscrit devient roman avec sueur, éclats de rire et beaucoup d’amour)
Tout commence un mardi. Ou un jeudi, finalement, il n’y a pas de jours particuliers pour recevoir un manuscrit. Les transports sont en rades, il est même possible que les enfants ne se soient pas levés correctement (la team parents, on vous voit), et là, on ouvre la boîte mail. On reçoit le manuscrit. Le, pas un. On ne vous le cache pas : on reçoit de tout. Des pépites, des ovnis, des textes en caps lock, des trucs qui font battre le cœur, d’autres qui donnent envie de se recoucher avec un plaid et un podcast de méditation.
Et alors commence le moment du choix. Il faut décortiquer le résumé, la lettre d’intention, aller faire un tour sur Google pour voir si l’auteur existe quelque part (on vous rassure, cela n’est jamais un critère de sélection définitif). On pèse le pour, le contre, et surtout on cherche notre héroïne. On se demande si elle irait avec les autres, ce qu’elle a de différent, ce qu’elle fera vibrer chez nos lecteurs. Est-ce qu’elle a le potentiel de Jeanne & Juliette ?
Si la réponse est oui, on se regarde avec des yeux brillants et souvent, on remet la décision au lendemain pour éviter l’emballement. On finira par dire : “On la prend.”

Ensuite, on appelle l’autrice ou l’auteur (oui, parfois on fait une exception à notre monarchie féminine, mais c’est rare). Les mails c’est bien, mais on a besoin d’entendre la voix de notre future collaboratrice. C’est un moment toujours inspirant et vivant. Il y a des “quoi ? vous êtes sérieuses ?”, des larmes, des cris d’enfant en fond, un chat sur le clavier, un rire nerveux. Bref, la vraie vie, comme on l’aime. Un peu comme dans les films, finalement. Après la phase contractuelle, commence celle plus magique (celle que Virginie préfère entre toutes), le coeur du métier : les premières passes du texte. C’est le point névralgique du roman. D’abord, c’est le fond, ensuite ce sera la dentelle. On annote, on restructure, on enlève des scènes, on supprime des personnages (nos auteures le déteste mais ils se rendent compte que c’est inévitable). On débat avec la romancière, on négocie (si si), on trouve un nouvel angle parfois, on essaye de se comprendre car parfois, les phrases peuvent avoir un double sens et il est hors de question que l’auteure ne soit pas lu comme il le souhaite. On coupe, on polit, on réinvente. C’est comme faire du macramé avec des émotions : ça s’emmêle, ça serre un peu, mais ça finit toujours par former quelque chose de beau. De très beau.
En parallèle, il y a la couverture !

Ah… la couverture. Autrement dit : l’équivalent éditorial d’un plan de table de mariage combiné à une crise existentielle de styliste. Est-ce que le fond saumon est trop rose ? Et si elle regardait par la fenêtre ? Et si elle avait un loup ? Un sabre ? On veut que, dans une librairie, une lectrice voie la couverture et dise : “Toi, tu viens avec moi ce soir.” C’est là que notre graphiste, Nicolas, intervient. Il a toujours des idées satellites qui résonnent avec le thème et l’ambiance. On surveille notre whastapp toute la journée pour recevoir des “propositions” de visuels, des images, des mises en forme. Ensuite, il faudra définir les couleurs. C’est un travail d’équipe.
Pendant ce temps-là, l’atelier de fabrication s’active. Et là, soyons claires : on n’est jamais seules. La correction, c’est entre les mains d’alliées précieuses, qui manient la grammaire comme d’autres l’épée. Elles travaillent avec nous depuis des années, elles savent tout. Les virgules sensibles. Les pièges du subjonctif.
La mise en page ? C’est pareil. On collabore avec des fées du design du livre, qui transforment un fichier Word en objet de désir. Des partenaires fidèles, ultra pro, qui savent qu’un alinéa mal placé peut provoquer une crise de nerfs à minuit de l’auteur ou de l’éditrice. Papier crème ou blanc ? Dos collé ou cousu ? Finition mate ou brillante ? Là on se rapproche de Nicolas pour valider. Surtout pour le vernis !
Ça a l’air trivial. Ça ne l’est jamais, car c’est la robe du roman.
On vous épargne les détails administratifs – les contrats, les ISB-machins, les dépôts, les tableaux Excel qui donnent des sueurs froides, les CEP. Alice- Anne suit tout ça on ne sait pas toujours comment. Mais on lui dit merci. Et on l’aime très fort.
Et enfin… ça approche. Le roman va sortir. On en parle à tout le monde, on le met sur les réseaux, on commence à prendre la température auprès de la communauté. C’est une montagne russe émotionnelle. De l’euphorie pure, des doutes qui cognent, des textos collectifs EN MAJUSCULES, des fous rires, des listes, des stories, des newsletters, des cafés oubliés, des fichiers “version finale V7”. Des auteures en plein doute existentiel (on ne juge vraiment pas, on essaie d’accompagner au mieux 🙂
On prépare le lancement, avec toute notre énergie, notre tendresse, notre foi. Jusqu’au matin de la sortie, toujours un vendredi.
Le roman est né. Avec sa couverture qui brille un peu, sa tranche parfaite (qu’on a analysé sous toutes les coutures). On va le voir en librairie. On le prend en photo (oui oui on nous voit) et on le replace même en tête de gondole (roooo ). On essaie de rester discrètes, mais on finit accroupies entre deux rayons, en train d’admirer “notre bébé”. Ensuite, on organise des rencontres, des signatures, des festivals, des posts, des câlins. Et surtout : on le fait vivre ce roman.

Car chez Jeanne & Juliette, publier, ce n’est pas juste faire sortir un livre. C’est créer un monde.
Une voix. Une place. Un refuge. On vous immerge dans l’univers de la saga, on fait en sorte que vous vous disiez : c’est fou. Moi aussi je veux plonger !
Voilà ce qui se passe vraiment chez nous. Ce n’est pas un travail à la chaîne (une chaîne de cœurs, peut-être.) c’est beaucoup, beaucoup d’amour et de travail. C’est ne pas compter ses heures, travailler pendant des mois pour que vous nous écriviez un superbe : “Je l’ai dévoré en deux jours”.