Dans les coulisses de Jeanne & Juliette : chroniques d’une maison d’édition pas comme les autres

Il y a des endroits où l’on fabrique des livres comme on assemble des meubles Ikea. Et puis, il y a Jeanne & Juliette. Une maison d’édition indépendante née d’un rêve et d’une grande détermination avec des héroïnes bien décidée à ne pas mourir avant d’avoir raconté leurs histoires.

Bienvenue dans les coulisses d’un joyeux bazar créatif, où chaque roman est une aventure, chaque autrice une complice et chaque anachronisme… un duel à l’épée !

La chasse au trésor : repérer la pépite dans la marée de manuscrits

Tout commence dans la boîte mail. Un jour, entre une facture EDF et un énième spam vantant les vertus du “copywriting quantique”, un titre accroche le regard.

“La Fiancée de l’oubli”

“À l’ombre des baïonnettes”

ou “Rose, 1792”

On clique, on lit. Le souffle se suspend. Et parfois — paf — le cœur s’emballe : coup de foudre éditorial.

(Bon, parfois aussi, on tombe sur une héroïne qui croit que Napoléon était roi d’Angleterre… mais ça, on en reparlera.)

Le vrai coup de foudre, lui, ne trompe pas. C’est ce moment suspendu où, malgré l’heure tardive, les enfants qui dorment et les mails en retard, on n’est plus qu’une lectrice. Une lectrice bouleversée qui sait que ce manuscrit, c’est le bon.

La rencontre : quand l’éditrice tombe amoureuse d’une plume

L’auteur entre en scène (souvent par un mail timide ou un DM). Un “bonjour, je ne pensais pas que vous me répondriez”. Et nous, on fonce, on discute, on refait le monde (et tout ce qui nous a fait rêver dans la lecture). On débat du mot “troublante” à la page 213. Et bien souvent, on finit par s’attacher.

Parce que chez Jeanne & Juliette, on ne signe pas un livre, on créé une relation.

Parfois c’est calme. Et parfois… ça explose. Oui, on se prend le bec, on s’envoie des mails trop longs, des vocaux trop émus, ou juste des “…” parce qu’on ne sait plus trop comment dire.

Nos auteurs deviennent des alliés d’armes. Ce sont nos partenaires de tranchées, nos complices de minuit. On s’appelle entre deux plannings familiaux, on se laisse des notes vocales entre deux lessives (ou deux crises existentielles). On se vit les montagnes russes ensemble : le personnage muet, la scène qui ne veut pas venir, et ce moment suspendu — “Attends. Je crois que j’ai trouvé la fin.”

L’édition : ou comment faire d’un bon manuscrit un roman qui claque

La phase édito, c’est ce moment étrange où un “ça ira vite” peut se transformer en trois mois d’aller-retours, de “Tu crois que je peux couper ce passage ?” et de “Mais ce bal, il est essentiel, alors qu’elle ne fait pas avancer l’intrigue, mais qu’elle est tout simplement magnifique,

On relit. On restructure. On coupe des paragraphes qu’on aimait trop. On négocie des prénoms (spoiler : on ne peut pas avoir six Louison dans un catalogue, aussi adorables soient-elles, vous vous reconnaîtrez). On se chamaille sur un mot, sur une virgule, sur une robe trop verte pour l’époque. Il y a aussi ces moments suspendus. Le “Je t’aime mais je dois partir” qui fonctionne… à la troisième réécriture. Les doutes qui reviennent toujours en groupe. Le besoin de dire : “Je suis paumée, tu crois que ça tient encore debout ?” Et quelqu’un répond : “Oui. » (OK, ce quelqu’un il est souvent aussi angoissé !)

Nos rituels, nos tics, nos tocs… et Jane Austen en GIF

Chaque maison a ses tocs. Les nôtres ? On a un groupe WhatsApp nommé “Panache & Deadline”, où se croisent :

  • Des captures d’écran de couvertures en gestation
  • Des vocaux angoissés sur la ponctuation dans les lettres d’amour
  • Des débats passionnés sur le repas d’un bal en 1875
  • Et beaucoup (trop) de GIFs de Jane Austen qui tape furieusement sur une machine à écrire

On a aussi nos rituels :

Le jeudi matin, c’est comité éditorial. Enfin… comité vin blanc et idées de génie.
On relit à voix haute, façon théâtre. Parfois on pleure. Parfois on rigole comme des imbéciles.
Et il y a le chapitre 17. Ne posez pas de questions. Il est toujours bizarre, ce fichu chapitre 17.

La publication : le moment où le roman quitte le nid

Le jour de l’envoi à l’imprimeur, tout le monde flippe. L’auteur, l’éditrice, l’assistante de l’éditrice, le chat de l’éditrice. On vérifie trois fois l’orthographe du mot “moulin” (parce qu’un jour, il est devenu “moulain”). Et puis… il arrive.

Le livre. En vrai. En papier. Il a l’odeur d’encre et de nuits blanches.

On le touche. On l’ouvre. On regarde la dédicace. Et souvent, on pleure (en cachette ou pas), parce qu’on sait d’où il vient. Parce qu’on se souvient du premier mail, du fichier Word un peu moche, des doutes et de toute l’excitation qui nous a poussé à donner notre maximum pendant des mois.

Et ça, c’est magique. À chaque fois.

Les lectrices : celles pour qui on fait tout ça

Elles nous écrivent des lettres manuscrites, des messages en vrac, à n’importe quelle heure. “Lu d’une traite.” “Pourquoi elle fait ça à la fin ?” “J’ai pas dormi.”

Elles repèrent des détails qu’on avait oubliés nous-mêmes. Elles relisent les mêmes phrases en boucle et les surlignent en Story (on adore ces moments !). Elles demandent la suite alors qu’on est encore en PLS sur la dernière scène.

Elles nous tiennent debout, ces lectrices-là. Elles sont le fil rouge. Notre carburant.

Alors voilà. Si t’aimes les héroïnes cabossées, les récits qui boitent un peu mais avancent quand même, et les maisons d’édition qui sentent le vécu… tu es chez toi.

Chez Jeanne & Juliette, on oublie de manger, on oublie l’heure de faire du sport (Ok, c’est un faux prétexte). Mais pas pourquoi on fait tout ça.

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